Semaine Sainte
As-tu remarqué combien, du début à la fin de l’Evangile, le temps semblait ralentir ? Toute la jeunesse de Jésus est passée sous silence, ou presque. C'est-à-dire environ trente ans de sa vie. Puis son ministère en Galilée dure environ trois ans. L’évangile ne nous en donne que les paroles et les événements essentiels. Enfin, la partie la plus importante de l’Evangile
porte sur trois jours, ceux de la passion et de la résurrection. Il restera encore quarante jours, jusqu’à l’Ascension, puis encore dix jours, jusqu’à la Pentecôte. 30 ans, 3 ans, 3 jours : voilà donc le temps de Jésus. Il s’achève sur quelque chose d’autre que le temps, puisque sa résurrection le fait entrer, avec sa nature humaine, dans l’éternité.
porte sur trois jours, ceux de la passion et de la résurrection. Il restera encore quarante jours, jusqu’à l’Ascension, puis encore dix jours, jusqu’à la Pentecôte. 30 ans, 3 ans, 3 jours : voilà donc le temps de Jésus. Il s’achève sur quelque chose d’autre que le temps, puisque sa résurrection le fait entrer, avec sa nature humaine, dans l’éternité.
Eh bien, nous voici à notre tour invités à entrer dans le temps de Jésus. Tu as 18 ans, 20 ans, tu pourrais en avoir 10 ou 80, ce serait la même chose. Ta vie humaine, comme celle de Jésus, est au rythme de ton évolution biologique, psychologique, sociale, de ton travail, de tes activités, de tes joies et de tes difficultés du moment. Pour Jésus on n’en dit presque rien, sans doute parce qu’il s’identifie à chacun d’entre nous. Le temps de son ministère est celui de sa révélation aux hommes. Pour toi, c’est le temps de la foi. Le temps d’orienter ta vie, le temps de te mettre en route comme disciple du Christ. Le ministère de Jésus a duré trois ans, mais pour nous, c’est à tel ou à tel moment que nous rencontrons le Christ, que nous apprenons à le connaître, que nous approfondissons notre foi, que nous prenons tel engagement, telle décision. Il y a des décisions qui peuvent engager une vie, comme le choix qu’ont fait les apôtres de tout quitter pour suivre Jésus, et d’autres qui sont à prendre chaque jour et même chaque instant, comme le commandement suprême de l’amour.
Mais cette semaine, du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, nous fait entrer dans une autre dimension. C’est le point culminant de la mission de Jésus : il se livre tout entier. « Ceci est mon corps livré pour vous, mon sang versé pour vous et pour la multitude, pour la rémission des péchés ». Au mal qui atteint tout homme, Jésus répond non seulement par ses paroles, mais par sa propre vie. Il absorbe le mal dans sa propre personne, et le détruit par sa résurrection.
En une semaine, et même en trois jours, se joue le destin de l’homme. C’est pourquoi le temps liturgique colle au « temps réel » de Jésus. La Semaine Sainte suit en temps réel le parcours de Jésus, en train d’accomplir le salut de l’homme. Il nous est proposé, le Dimanche des Rameaux, d’acclamer Jésus avec la foule, tout en voyant à l’avance que la couronne de ce roi sera faite d’épines. Le Jeudi Saint, Jésus nous emmène au Cénacle pour son dernier repas, où il donne à ses apôtres le sens de ce qu’il s’apprête à vivre. C’est aussi le moment de la prière angoissée, de la trahison de Judas, du reniement de Pierre, de la débandade des disciples. Et toute la nuit Jésus passe de procès en procès : Caïphe, Pilate. Il se montre libre devant ses juges. Libre, mais seul, et désormais livré au bon vouloir de l’opinion publique qui s’est retournée contre lui. Le Vendredi Saint, nous l’accompagnerons au calvaire, assistant à sa lente agonie, à ses terribles souffrances et à son grand combat spirituel : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais aussi à l’offrande de sa vie : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » pour le pardon de nos propres fautes : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Et le condamné se fait juge suprême, lui qui est le Fils du Miséricordieux : « Aujourd’hui, je te le déclare, dit-il à son compagnon condamné à mort, tu seras avec moi dans le Paradis ». La croix de Jésus devient alors source de vie pour l’homme. De son côté frappé par la lance, jaillissent l’eau et le sang, figurant le baptême et l’eucharistie. Et c’est toute l’Eglise qui est annoncée, à travers Marie et le disciple bien-aimé.
Le samedi, le temps s’est arrêté. Le Samedi Saint est jour de mort, jour de silence, jour sans liturgie. Temps de deuil, mais aussi temps pour l’espérance.
Et voilà que dans la nuit, secrètement, la vie nouvelle a germé. Le mort a disparu du tombeau, c’est désormais un Vivant qui se présentera à Marie-Madeleine et aux apôtres. Le feu nouveau, le cierge neuf que nous allumons en cette nuit, nous dit la présence vivante du Christ ressuscité dans notre monde parfois bien obscur. De lui nous recevons notre propre lumière, une lumière que nous tiendrons en mains pour proclamer notre foi, avec des cœurs renouvelés. D’autres deviendront des êtres neufs par le baptême. En cette nuit pascale, c’est tout un peuple qui est régénéré. Et au matin de Pâques, nous sommes à l’unisson de ceux qui, il y a deux mille ans, ont reçu la première annonce de la résurrection, pour la proclamer à notre tour.
Toute l’Eglise va donc vivre pas à pas avec le Christ cette Semaine, Sainte entre toutes. Si deux mille ans nous séparent de l’événement, nous en sommes contemporains par la foi, et par la présence encore actuelle du Christ ressuscité.
Ton emploi du temps ne te permettra peut-être pas de participer à toutes les célébrations. Pourtant ce serait une belle expérience à faire. Quoi qu’il en soit, cette semaine est à vivre en temps réel, le temps réel du chemin de la croix, mais aussi le temps réel de l’amour du Christ, pour entrer dans le temps réel de Dieu dans ta propre vie : le temps réel de la rencontre avec lui, le temps réel de ta propre vie à donner par amour, le temps réel de l’espérance au quotidien. 30 ans, 3 ans, 3 jours : peu importe la durée du temps, pourvu que nous soyons dans le temps de Dieu.
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